Défendre le collège unique |
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Écrit par Administrator |
Mercredi, 17 Novembre 2010 17:27 |
Il faut défendre le collège unique. Les incidents récents à Craon et à Portbail démontrent une fois de plus les dangers et l'impasse des orientations éducatives actuelles visant à aggraver la fracture sociale et les inégalités en constituant des parcours "diversifiés" et des dispositifs de relégation scolaire. On ne résout pas la misère sociale en la transplantant. Tout en dénonçant cette politique ministérielle, SUD Education Tarn ne peut que déplorer toute attitude, qu'elle vienne des enseignants ou des parents d'élèves, qui stigmatiserait une partie de la jeunesse, victime de l'exclusion sociale, et la transformerait en coupable de la violence scolaire. Le collège est le lieu d'apprentissage du "vivre ensemble", à y construire des murs et à en exclure une partie de la jeunesse aujourd'hui, c'est préparer une société d'apartheid demain. C'est très grave. Face aux attaques que subit actuellement le collège unique, dont l'échec relève d'un quasi complot (comment peut-on faire réussir de plus en plus d'élèves en difficulté avec de moins en moins de moyens ?), on ne peut que rappeler les conclusions des chercheurs comme Nathalie Mons qui souligne que : " La différenciation pédagogique s'avère tout d'abord une impasse en termes d'apprentissage. Si le collège unique, dans sa version française du moins, n'a pas permis d'élever le niveau scolaire des élèves ni de réduire les inégalités sociales à l'école, la solution alternative, qui consiste à créer des types diversifiés d'établissements et des filières plus ou moins déguisées, a plus encore échoué." De plus, force est de constater que dans tous les collèges la tendance (déjà ancienne) consiste à créer des niches pour les "bons élèves" (autrefois par l'all ou le latin, aujourd'hui par "l'Européenne"...), mettant évidemment à mal le projet du "vivre ensemble". Face à cette situation, citons encore Nathalie Mons : "La solution n'est donc pas dans un retour à une école d'un soi-disant âge d'or, où la destinée sociale des élèves se décidait dès la préadolescence. Recréer des filières au sein du collège unique, c'est établir un système discriminant pour les élèves des milieux les plus démunis. C'est, de fait, rompre avec une saine concurrence scolaire et donner un avantage comparatif inique aux familles favorisées. Mais c'est surtout en termes de cohésion sociale et d'unité nationale que de telles mesures pourraient se révéler dangereuses. Car, en sus des compétences académiques, l'enseignement vise aussi à transmettre un bagage culturel partagé, à permettre des rencontres improbables entre les enfants d'une même génération, quelle que soit leur origine sociale."
On ne peut que recommander la lecture intégrale de l'article de Nathalie Mons, paru dans Le Monde : Réinventer le collège unique . |
Mise à jour le Mardi, 20 Septembre 2011 11:30 |